Douze agences sont invitées pour exposer autour de la pratique du projet, de sa conception même et non pas de son résultat, sous l’intitulé «Manifeste».
Pour ce faire, nous faisons appel à certains architectes dont les pratiques se croisent et nous présentons une réalisation de leur part mettant en scène leur démarche.
Il ne s’agit pas là de présenter une réalisation architecturale réalisée, en cours ou à venir.
Mais de présenter, à l’intérieur d’un volume précis, l’expression d’une démarche, d’une pratique, d’un cheminement de pensée, de processus desquels émerge l’architecture.
Seul le volume est donné, et aucune restriction de médium n’est imposé.
Le contenu même de l’exposition se caractérise par ces réalisations. La mise en scène de ces « objets » permet de comprendre, de comparer, des pratiques d’horizons divers, dont pourtant les résultats nous semblent proches.
Bref, cette idée de mettre en boîte son processus architectural nous semble intéressant lorsqu’il se retrouve confronté à d’autres.
OBJET INERTE :
Un bâtiment est un objet inerte, figé.
Qu’il soit de pierre, d’acier, de bois ou de béton, son seul mouvement intrinsèque est celui opéré par le temps qui, souvent lentement, parfois brusquement, le mène à la ruine.
USAGES VIVANTS :
L’humain habite et apprend à occuper des lieux. Qu’ils soient cavernes, cathédrales, pavillons ou T4 à Montgermont, l’humain s’y adapte avec plus ou moins de facilité, d’enthousiasme ou de générosité. Il les touche, les modèle, les modifie et les brutalise : il les rend vivants.
ARCHITECTURE ALCHIMIQUE :
À l’instar d’une réaction chimique qui teinte de bleu les ions de cuivre d’une solution en présence de soude, l’architecture naît de la rencontre entre un bâtiment et la vie insufflée en ce lieu par celles et ceux qui l’habitent. L’architecture n’est ni un art ni une technique, elle est une alchimie.
L’architecture naît de cette friction entre l’humain et son habitat. Elle est l’infime interstice entre le poster et le mur, l’assiette et la table.Elle est la parole, suspendue entre bouche et oreilles. Elle est la peinture « aubergine » du couloir et « chocolat » de la salle de bain. Elle est la poussière glissée sous le tapis, tout contre le parquet. Elle est la vibration sonore d’une enceinte bluetooth lors d’une fête entre amis.
Artefact architectural en attente d’alchimie, 2PM A, 2022, bois, béton et verre.
Photographies : Emmanuel Groussard
Maquette : Fabien Bussière