Dans le cadre du programme national Action Coeur de Ville, la ville de Libourne lance son appel à projets « Réinventons les coeurs de ville » .
Contexte urbain
Le bâtiment est situé dans le cœur historique de Libourne le long du quai de l’Isle sur l’une des entrées du cœur de Bastide (au débouché du pont de Fronsac). Dans le périmètre de la boucle des anciens remparts, on différencie 4 types de rives. A l’endroit du projet, les rives sont proches, et l’Isle est étroite. Cette configuration propose une ambiance plus intime, possédant un fort potentiel en termes d’usages et de vie urbaine. La vue sur les pontons et barques de la rive opposée offre un cadre apaisant et agréable.
Usage retrouvé
Un café/ bar associatif est placé dans la proue du bâtiment. Il communique par ses grandes ouvertures avec une terrasse au pied de la façade qui se prolonge sur la place belvédère sur l’Isle. Ce café/bar associatif sert de transition entre la rue et la vie dans « La maison Eila ». Il est le lieu de rencontres, de connexion entre intérieur et extérieur. Il est envisagé comme le salon partagé de l’auberge et des logements étudiants et/ou jeunes actifs.
A l’intérieur du bâtiment les séquences des espaces se poursuivent, en passant par la circulation on retrouve le patio, ‘le cœur de la Maison’, un lieu d’échanges entres les habitants et les voyageurs de l’auberge. Un lieu plus intime, offrant des interactions très riches. Dans ce patio on retrouve la volonté de flouter la notion de public et privé en utilisant les mêmes pavés qu’à l’extérieur sur les quais. Il matérialise une entrée dédiée aux résidents de la Maison Eila , un intérieur extérieur. Ce patio joue un rôle social mais également climatique. En effet, par sa position centrale, il permet d’éclairer et de ventiler naturellement l’ensemble de la Maison.
Réemploi et réutilisation
Le bâtiment sur lequel nous intervenons possède de grandes qualités architecturales. A ce titre, la réhabilitation s’impose à nous comme un acte de conservation d’un patrimoine de grande qualité mais également comme premier geste écologique ; faire avec les éléments en présence. Il est bâti en pierre massive de 40 cm lui conférant de grandes qualités climatiques et lui permettant de supporter un étage supplémentaire.
Il possède une situation urbaine singulière en proue sur les quais de l’Isle développant ainsi 3 façades très ouvertes et éclairées. Ces 3 façades sont découpées de percements réguliers et très généreux. En effet, les fenêtres existantes ont des proportions qui ne sont pas celles que l’on trouve par ailleurs à Libourne ou Bordeaux. Ces percements de proportions carrées lui donnent un aspect très contemporain.
Nous surélévons en continuité de l’existant en utilisant le même matériau ; la pierre massive. La pierre massive contemporaine n’a pas les mêmes dimensions que celle que l’on trouvait à Frontenac au début du 20eme siècle. Aussi les blocs que l’on propose de mettre en œuvre sont environ 2 fois plus importants que ceux des étages inférieurs, distinctions suffisantes pour marquer une époque. Nous faisons le choix également de ne pas masquer la réalité structurelle des linteaux qui seront en béton au vu de la largeur des ouvertures, et nous proposons de chanfreiner les pierres autour des ouvertures pour ouvrir la vue vers la rivière.
Retrouver une façade empruntant au contexte
Nous proposons de modifier les fenêtres afin de proposer des menuiseries en bois lasuré incolore découpées en 3 parties. Ces portes-fenêtres sont ouvrantes toute hauteur afin de retrouver un rapport franc à la façade. Pour ce faire nous introduisons un motif disparu de la façade : le garde-corps. Les garde-corps, éléments de modénatures omniprésents dans les rues de Libourne, sont un enjeux de distinction subtil entre bâtiments. Nous faisons le choix de proposer un garde-corps en acier thermolaqué avec un motif propre au bâtiment, dans la tradition des immeubles en pierre du centre-ville. Ce motif est né de la structure triangulée imaginée pour tenir la marquise du café associatif et que l’on décline dans les différents garde-corps de la Maison Eila.
Afin de caractériser la terrasse, le prolongement extérieur du café associatif sur l’espace public nous imaginons de réinterpréter un élément d’architecture désuet : la marquise. Cette marquise s’inspire des élégantes marquises que nous avons pu observer dans le centre-ville de Libourne et a vocation, ainsi que sa couleur, à devenir un élément remarquable du café associatif depuis les quais, un appel, un signal. Elle présente une structure triangulée lui permettant de tenir l’horizontalité que nous avons souhaité afin de l’aligner à la corniche du premier niveau du bâtiment.
Perspectives : Lotoarchilab
Narration graphique : Cyrille Beirnaert